Le vieux préjugé médical contre les fruits, si fort au siècle dernier que, pendant les mois d’été, des décrets interdisaient à ceux-ci de pénétrer dans les villes, fut démoli par les Hygiénistes, et les consommateurs apprirent alors à savourer les fruits. Malheureusement, dans certains cercles hygiénistes, ce vieux préjugé « anti-fruit » a survécu. Quelques-uns de nos hygiénistes ont manifesté une crainte sans fondement pour un certain nombre de fruits, en réalité parfaitement bienfaisants.

Les fruits fournissent au corps une abondance de minéraux, sucres, vitamines et, pour certains d’entre eux, des protéines, d’une valeur considérable.
Le sucre, dans les fruits, est associé de manière idéale avec des minéraux et des vitamines dont il ne doit pas être séparé, comme c’est le cas pour les sucres raffinés. Le sucre des fruits a une valeur nutritive supérieure au miel, dont on vante la valeur d’une façon si grotesque en tant d’endroits. Bien plus, lorsqu’on le compare avec le sucre des fruits, le miel est à ranger au même niveau que le sucre blanc.

La plupart des fruits abondent en minéraux (ils contiennent aussi d’importantes quantités d’oligo-éléments), importants et vitaux dans l’alimentation de croissance de l’enfant. La plupart d’entre eux sont déficients en calcium, mais cette carence peut être facilement compensée par d’autres sources salutaires comme les salades, par exemple.

Beaucoup de fruits sont riches en vitamine C, mais contiennent moins des autres. Ils sont en général d’excellentes sources de vitamines. Ils sont pour la plupart faible en protéines, en contenant rarement plus de 2 à 2,5%, et nombre d’entre eux encore beaucoup moins.

La datte, la banane, l’avocat, et quelques autres fruits contiennent une petite quantité de protéines excellentes. Complétées avec quelques noix et des feuilles vertes, les protéines deviennent un apport amplement suffisant pour l’alimentation. Une diète de fruit et de noix est améliorée par l’addition de végétaux verts. Une grande salade verte chaque jour complète un tel régime de manière presque idéale, mais cela n’est pas toujours nécessaire dans les régions où ils poussent quelques fruits toute l’année.

La plupart des fruits contiennent plus ou moins d’acides – tels que les acides malique, citrique, tartrique, etc...

Le préjugé qui s’est développé au sujet des fruits est une survivance du préjugé médical contre les fruits acides. Ils furent accusés de provoquer des troubles d’acidification et considérés comme particulièrement mauvais pour les rhumatisants. Heureusement, le corps est capable d’oxyder les acides organiques des fruits, du moins de ceux qui nous servent communément de nourriture ; et ceux-ci laissent un résidu alcalin qui ne tarde pas à être oxydé, également. Il y a souvent quelques difficultés avec l’acide des prunes, mais le préjugé qui a survécu contre les oranges, mandarines, citrons, pamplemousses, tomates et tous les fruits qui contiennent de l’acide citrique, est sans aucun fondement.

Les acides des cerises sont aussi facilement oxydés, et ils laissent de même un résidu alcalin. Le radical acide des acides organiques est expulsé en traversant les poumons, de la même façon que le dioxyde de carbone ; les sels alcalins qui restent conservent l’alcalisation légère du sang.

Des dents ont été maintenues immergées dans du jus de citron pendant 6 mois sans interruption. L’acide n’a eu aucun effet sur leur émail. Cela devrait démontrer amplement combien est dénuée de fondement l’idée selon laquelle manger des oranges détériore les dents. On devrait savoir que, lorsque l’on met des acides dans la bouche, une abondante sécrétion de salive alcaline se produit, qui baigne les muqueuses de la bouche et la langue. Cette sécrétion de salive, nous la gardons longtemps après avoir avalé l’acide. Tout acide, qui reste sur les dents ou dans la bouche, est ainsi rapidement neutralisé par la salive alcaline. Nous avons trop tendance à mésestimer les facultés que possède notre corps pour sauvegarder sa santé.

Vers la fin du Printemps et en Été, lorsqu’abondent les pêches, prunes, abricots, cerises, toutes les variétés de baies, les melons, pastèques, raisins, figues, etc... il est bon de donner une grande place aux diètes de fruits frais. Plus tard, pendant la saison des poires, kakis et agrumes, ceux-ci doivent constituer une large part de notre alimentation.

Les fruits séchés au Soleil, comme les figues, dattes, raisins, pêches, abricot, poires, etc... peuvent être mangés avec bon sens pendant les mois d’Hiver. Il ne faut pas trop en consommer car il s’agit non plus de fruits frais mais de fruits concentrés.

Les melons constituent un excellent petit déjeuner lorsqu’ils sont bien murs. Il est préférable de les manger seuls. Une grande tranche de pastèque forme un petit déjeuner complet, même pour les grands travailleurs physiques. Les diverses espèces de melons constituent toutes un petit déjeuner délicieux et suffisant. Si l’on éprouve encore par la suite un besoin de nourriture, on pourra prendre un aliment une demi-heure après le melon.

Presque tous les cas de prétendues allergies aux fruits sont des indigestions résultant de mauvais combinaisons entre les aliments.

Les fruits mangés avec de l’amidon, du sucre des protéines, et autres combinaisons similaires, ont tendance à se décomposer en produisant des gaz, des malaises, des éruptions cutanées. Les melons pris en même temps qu’un autre aliment peuvent provoquer des embarras sérieux.

Mangés seuls, ils se digèrent avec la plus grande facilité.

Chez les très jeunes enfants, il peut y avoir quelques fois, au cours de la croissance, une courte période pendant laquelle l’appareil digestif ne peut pas élaborer un certain fruit, une pomme par exemple.

Il est alors préférable de supprimer ce fruit de l’alimentation jusqu’à ce que l’organisme ait atteint le point de développement qui lui permette de digérer aisément le fruit, qui jusque-là, provoquait des troubles.

Une grande amélioration dans la capacité de digérer et d’élaborer un aliment est procurée par le fait d’ingérer les fruits frais à l’état cru ainsi que par un repos physiologique, de temps à autre. Il n’est pas rare de constater qu’un individu qui éprouvait des troubles avec un aliment particulier, puisse le prendre avec la plus grande facilité après un jeûne.

Si nous pouvons comprendre que ce que nous appelons allergie n’est pas une affection permanente, mais que lorsque ses causes sont supprimées elle cesse, nous comprendrons également qu’il nous est possible de devenir capable de profiter d’une nourriture quelle qu’elle soit.

N’est-il pas surprenant, par exemple, de constater que ceux qui sont allergiques aux fraises ne manifestent aucun trouble lorsqu’ils pratiquent une (mono-)diète de fraises ?
Lorsqu’on mange des fruits à un repas avec pain, viande, pommes de terre, beurre, etc... les fruits étant habituellement pris à la fin ou, parfois, au début, l’indigestion et les malaises qui résultent de telles combinaisons seront certainement attribués aux fruits, qui étaient pourtant la seule chose vraiment salutaire de ca repas. Les malaises qui suivent un tel repas peuvent aller de la simple formation de gaz, qui attire à peine l’attention du mangeur, vomissements et diarrhée. Les fruits, maintenus à l’écart des autres aliments, et mangés comme un repas de fruits, seront digérés facilement et ne produiront aucun malaise.

Les fruits pelés, coupés et laissés ainsi un long moment avant d’être mangés, perdent presque toutes leurs qualités et peuvent à peine être considérés comme une nourriture bienfaisante. Ils changent de couleur, perdent leur saveur, s’oxydent, et ils ont tendance à se décomposer rapidement. Les fruits ajoutés dans le pain, les gâteaux, les tartes et autres sortes de pâtisseries, peuvent aussi occasionner des indigestions et des malaises considérables. Dans ce dernier cas, non seulement les aliments sont gâtés par les préparations et la cuisson, mais la combinaison est indigeste. Les fruits frais, avec pour seule préparation un nettoyage rapide et léger, sont on ne peut plus digestes. L’addition de sucre, sirop, miel ou autres sucreries peut aussi déclencher l’indigestion.

Les fruits ont été discrédités par beaucoup de gens pour la raison qu’ils éprouvent des malaises après en avoir mangé. C’est le Dr. DEWEY qui disait que les fruits perturbent la digestion. Il était plus spécialement opposé à ce que l’on mange des pommes. Mais les troubles que l’on ressent avec les fruits viennent du fait qu’on les combine mal. Les fraises et les melons sont communément classés comme fruits « auxquels je suis allergique », et ce sont pourtant des aliments sains et délicieux. S’ils sont consommés seuls ou convenablement combinés (dans le cas des fraises), ils ne causent pour ainsi dire jamais de troubles.

Les éruptions cutanées et les dérangements intestinaux qui, souvent, suivent la consommation de fruits, ou d’un fruit particulier, peuvent presque toujours être imputés à de mauvais mélanges.

Dans les quelques cas où il n’en est pas ainsi, une correction dans la façon de vivre, jusqu’à ce que le pouvoir digestif soit rétabli, rendra bientôt l’individu capable de manger des fruits.
Je ne pense pas qu’il existe quelqu’un qui ne puisse manger des fruits à volonté, s’il prend la peine de les manger de manière isolée ou de les combiner correctement.

TRADUIT PAR JEAN BURLOTTE
DE DR SHELTON’S HYGIENIC REVIEW, VOL. 26, N°7.