Le but de l'article du Dr Bergholtz est de montrer que la justesse d'un principe ne dépend pas du succès qu'un individu en obtient dans l'application à sa propre vie. Il déclare :
Qu'une philosophie basée sur la vérité ne dépend d'aucun homme, d'aucun procédé, d'aucune preuve expérimentale ou d'aucun autre facteur que l'homme peut imaginer, mais demeure par elle-même dans sa propre vérité, indiscutable, irrévocable, invincible et éternelle.
On pourra objecter que nous n'avons aucun moyen de déterminer la vérité d'une philosophie ou d'un principe autrement que par ses résultats en action, c'est à dire que “c'est par les fruits que vous reconnaîtrez l'arbre”. C'est vrai. Nous ne pouvons pas évaluer correctement les résultats d'un principe à moins de tenir compte de chaque facteur à la lumière de l'expérimentation.

C'est une chose de reconnaître et de recommander un principe et c'en est une autre d'en faire la pleine application dans notre propre vie :
“Ce ne sont pas ceux qui crient Seigneur, Seigneur, mais ceux qui font la volonté du Père” qui peuvent s'attendre a récolter la récompense d'une vie correcte. Depuis longtemps on sait que les hommes peuvent faillir, même si leurs principes sont corrects.
Dans le "Nouveau testament", l'apôtre Paul constate lui-même qu'il accomplit des choses qu'il ne veut pas faire, et qu'il n'accomplit pas les choses qu'il voudrait faire. Les hommes reconnaissent les grands bénéfices qui découlent d'une vie d'auto-discipline, mais ne sont pas capables de suivre une telle existence dans la mesure où ils le voudraient. Il y a de nombreuses raisons aux échecs.

Toutes doivent être considérées. Le Dr Bergholtz déclare que nous sommes tellement imbus de nous-mêmes que nous avons l'impression que les hommes sont les créateurs des principes, alors qu'ils ne sont que les découvreurs de faits qui existaient déjà bien avant leur naissance. Nous sommes enthousiasmés par les performances des hommes, nous nous appuyons sur leurs croyances, nous prêtons l'oreille à leurs interprétations, à leur philosophie, et ainsi nous basons nos jugements sur les hommes et leurs performances. Il dit qu'ils ne peuvent pratiquer que partiellement les vérités auxquelles ils adhèrent, alors que leurs vies représentent généralement un mélange de vérité et d'erreurs et ils ne démontrent que dans la limite de leur savoir, de leur compréhension et de leurs possibilités, eu égard aux circonstances de la vie, les vérités dont ils font l'apologie.

Pour diverses raisons, il semble qu'un homme ou plusieurs hommes ne peuvent même pas démontrer la justesse des principes qu'ils savent être catégoriquement vrais.
Les principes, lois, vérités, viennent d'abord.... Les hommes les acceptent ou les rejettent, et ils démontrent les faits impliqués dans la mesure où ils les appliquent et les pratiquent. La loi ne peut pas changer. L'homme seul brouille les cartes par son interprétation des principes et par son incapacité à leur obéir à la lettre.
Sylvester Graham condamnait sévèrement les efforts faits pour découvrir la manière de vivre longtemps par l'étude des vies des personnes âgées. À cette époque, comme aujourd'hui encore, des journalistes avaient l'habitude d'interroger des hommes et des femmes d'un certain âge pour leur demander à quoi ils attribuaient leur longue existence. Graham faisait remarquer que ces vieilles personnes ne savaient pas pourquoi elles avaient vécu jusqu'à un âge avancé. Elles répondaient généralement de manière stupide aux journalistes. Graham déclarait que nous devons d'abord apprendre, sur la base d'une véritable physiologie, les lois de la vie, puis nous pouvons dire à l'individu : voilà comment vous devez vivre pour atteindre un âge avancé. Ceci est la loi. Il mettait toujours l'accent sur la loi. Les lois agissent toujours, mais il n'est pas nécessaire qu'elles agissent toujours dans les mêmes conditions. Les conditions varient, donc les résultats varient.
Le Dr Bergholtz énumère quelques-uns des nombreux facteurs qui affectent grandement les résultats de l'action des principes vitaux dans l'existence de différents individus. Considérons ces facteurs, I'un après l'autre.

1 - Quelle sorte de constitution a-t-il hérité ?

J'ai souvent fait remarquer que certains bébés viennent au monde si faibles qu'ils ne vivent pas plus longtemps que quelques heures à quelques jours et d'autres sont si vigoureux que vous ne pourriez pas les tuer avec un gourdin.
Chacun vient au monde entre ces deux extrêmes. Ceci revient à dire que certains naissent avec des organismes bien constitués, vigoureux et stables ; d'autres naissent avec des organismes, déficients, faibles et instables. Certains ont une bonne constitution, d'autres ont une constitution déficiente. L'individu doué d'un organisme robuste vivra logiquement beaucoup plus longtemps que l'individu affligé d'un organisme faible. Graham faisait souvent remarquer que les pouvoirs constitutionnels des générations vivantes varient tellement qu'aucun programme de vie, universellement adopté et suivi d'une manière rigide, ne permettrait à chacun d'atteindre un âge avancé. Il déclarait aussi que les générations actuelles ne peuvent pas espérer atteindre l'âge maximum que l'homme peut atteindre.
Nous sommes trop dégénérés dès le début pour jamais espérer arriver à un niveau accessible à de meilleurs organismes.
Heureusement, un programme de vie correcte donnera à chaque génération ultérieure un meilleur départ qu'à la précédente. Il y a quelques années, je me promenai dans le Hall de l'Âge de l'Homme, au Muséum d'Histoire Naturelle de New-York City. À l'entrée, sur une table, on voyait un étalage de crânes. Au milieu se trouvait un crâne superbe. Il était plus grand que les deux autres, magnifiquement proportionné et très symétrique. Les deux crânes plus petits étaient disproportionnés et asymétriques. Je m'arrêtai et les observai un moment, puis fis remarquer à ma femme qui était avec moi : "le crâne du milieu est un crâne humain. Les deux autres doivent être des crânes de singes ; peut-être un gorille et un orang-outang". Il y a certes de grandes différences entre les crânes de l'homme et du singe, mais le contraste entre les deux crânes était si grand que, sur le moment, je fus trompé. Imaginez ma contrariété quand, m'approchant de la table, je constatai que ces deux crânes étaient les crânes d'hommes blancs modernes, Européens et Américains.
Le crâne du milieu était le crâne d'un homme de Cro-Magnon. Quelle belle tête possédait cet homme ancien ! Si le reste de son organisme était aussi supérieur aux corps de l'homme moderne que sa tête est supérieure aux têtes de l'homme contemporain, quel surhomme a-t-il dû être !
Nous avons dégringolé bien bas depuis ces jours reculés où les hommes de Cro-Magnon dessinaient et sculptaient dans leurs cavernes. Seul le Système Hygiéniste nous réserve la possibilité de remonter cette pente et de regagner la position jadis occupée par les hommes de Cro-Magnon. Certains auteurs pensent que les dieux et les déesses de la Grèce antique étaient des hommes de Cro-Magnon.
Peut-être Graham vint au monde très chétif. Il fut souffreteux durant toute son enfance et jusqu'à la maturité. Plus d'une fois, sa vie fut mise en danger. On ne s'attendait pas à ce qu'il vive jusqu'à la maturité. Trall fut malade durant la plus grande partie de sa jeunesse. En fait, ce fut l'incapacité de ses nombreux médecins à lui redonner la santé qui le décida à étudier la médecine. Il entreprit cette étude dans l'espoir de trouver un moyen qui lui permettrait de retrouver la santé. Beaucoup d'hommes de constitution plus robuste ont vécu plus longtemps que ces deux hommes, malgré de nombreux excès que Graham et Trall on évités après avoir appris à les éviter.

2 - Quel était son état de santé avant sa propre adoption d'un programme de rétablissement de la santé ?

Il déclare ailleurs : “Que trouvons-nous généralement ? Un homme, malade à en mourir dans sa jeunesse ou dans la force de l'âge, apprend la vérité éternelle de la santé par l'observance des lois naturelles et obtient certains résultats qui lui donnent l'idée de faire part aux autres de ses précieuses découvertes”.
Il n'est que trop vrai qu'au départ nous avons des hommes et des femmes malades. Peu de gens qui jouissent d'une santé ordinaire rompent avec les modes de vie conventionnels. Nous avons tendance à marcher avec la foule, jusqu'au jour où les circonstances nous forcent à agir différemment.
• Alcott était tuberculeux avant d'avoir appris quoi que ce soit sur la vie saine. Cependant, il réussit a vivre jusqu'à 61 ans.
• Robert Walter était une épave, avec un coeur en mauvais état, avant de se détourner des méthodes médicales pour rallier le Système Hygiéniste. Il mourut à l'âge de 80 ans.
• Le Dr Tilden était un jeune homme maladif et il resta malade jusqu'à l'âge de 50 ans. Il apprit à vivre après plus d'un demi-siècle d'existence.
• Le Dr Henry Lindlahr était diabétique et tuberculeux. Ses conseillers médicaux ne lui furent d'aucun secours. après des années de souffrances, il s'adressa à Louis Kuhne, d'Allemagne, et se rétablit.
• W.H. Hay vécut au moins 30 ans de plus qu'il n'aurait dû vivre. Avec un coeur déficient, la maladie de Bright, de l'hypertension et une forte hydropisie dans ses deux jambes, il était coulé dans un fauteuil et recevait ainsi ses patients. Ses médecins lui conseillèrent de mettre ses affaires terrestre en ordre, vu qu'il n'avait plus que six mois à vivre.
• Le Dr Hay me confia qu'il avait dit la même chose à un grand nombre de ses propres patients qui s'étaient trouvés dans la même condition. Il avait toujours combattu la Cure Naturelle, mais maintenant qu'il savait que la médecine ne pouvait rien lui offrir, il décida d'en faire l'essai. Si, même avec une application limitée de ses principes à sa propre vie, il vécut 30 autres années au lieu de six mois, pourquoi mettre en doute la justesse des principes ?
• Le Dr Elmer Lee me confia plus d'une fois qu'il avait été une épave avant d'avoir appris à vivre.

3 - À quel point a-t-il dû être strict pour retrouver les énergies perdues ? En était-il capable sur le plan physique, psychologique, économique ?

Il est certain que bon nombre de ceux qui recommandent aux autres une vie simple et frugale sont enclins à s'accorder, pour eux-mêmes, les plus grandes libertés. Feu le Dr Henry Lindlahr était un homme très gros qui excusait sa graisse en disant qu'il avait été intoxiqué à l'iode dans sa jeunesse. Bien qu'il préconisait le végétarisme, il n'était pas lui-même strictement végétarien. À d'autres, il conseillait d'éviter les boissons alcooliques. Lui-même ne cherchait pas particulièrement à les éviter.
Le Dr Hay fumait énormément, buvait du café et des boissons alcoolisées. Ses conseils aux autres étaient bien meilleurs que son propre exemple. Il en est souvent ainsi. Beaucoup d'entre eux, comme le prédicateur hypocrite, auraient bien pu dire :
“Ne faites pas ce que je fais, faites ce que je dis”.

4 - "Dans quelle mesure la compréhension de ses conseillers, associés, parents, amis, était-elle complète ? Furent-ils d'un quelconque secours ou ajoutèrent-ils à la confusion ?

A quoi on pourrait ajouter la question : “Dans quelle mesure sa propre compréhension était-elle complète ?”.
Les hommes ne comprennent pas toujours ce qu'ils semblent comprendre. J'ai souvent dit que le Dr Lindlahr était coupable de répéter des principes qu'il ne comprenait pas. Il avait l'habitude d'affirmer ou d'écrire une chose puis, dans un passage suivant, de la contredire. Il ne faut pas penser qu'une compréhension complète existe partout, et encore moins chez les premiers pionniers du mouvement hygiéniste.
La connaissance et la compréhension viennent lentement. Il y a encore beaucoup de choses à apprendre. Nous avons beaucoup appris depuis l'époque de Graham Trall et Jennings. Malheureusement, peu de gens ont une compréhension complète de ce qu'on sait à présent.

5 - L'individu pouvait-il se discipliner suffisamment sur tous les plans ?

Le Dr Bergholz déclare au sujet du Dr Bircher-Benner, un Suisse mondialement connu, partisan d'une alimentation crue, qui mourut à l'âge de 73 ans “qu'il était un fumeur invétéré”. Si c'était un fumeur invétéré, il y a de fortes chances qu'il avait d'autres habitudes malsaines raccourcissant la vie. Il serait intéressant de savoir combien de vin ou de bière il buvait chaque jour.
Feu Arnold Ehret, si bruyamment proclamé dans de nombreux milieux comme le plus grand éducateur de santé de tous les temps, mourut, avant d'avoir atteint un âge avancé, d'une maladie cardiaque. C'était un grand fumeur, un buveur de vin et un gros consommateur de café fort.
Le Dr Lust, qui mourut récemment à l'âge de 73 ans, eut au moins deux attaques d'apo- plexie pendant les cinq ans qui précédèrent sa mort, due, selon la presse, à une "crise cardiaque". Sa connaissance était superficielle, sa compréhension faible, son mode de vie peu digne d'être suivi. Son poids fut excessif durant des années ; il mangeait trop, n'était pas toujours le végétarien auquel on aurait pu s'attendre d'après ses enseignements et il utilisait des médicaments homéopathiques en abondance.
Lorsque je fus associé avec le Dr Lust, je le vis plus d'une fois, assis dans son magasin, alors situé à la 41' avenue de New-York, avalant des pilules homéopathiques par poignées. Il m'en offrit souvent et, sur mon refus, il disait : “Ce ne sont pas des médicaments, mais des aliments”. Il y avait un manque de discipline dans la vie du Dr Lindlahr comme dans celle du Dr Hay. Nous trouvons une véritable discipline dans la vie des Dis Jennings, Jackson, Alcott, Walter, Page et Tilden. Ces hommes, malgré leurs handicaps, vécurent jusqu'à un âge avancé.

6 - Quelles sortes de dommages, de nature chirurgicale ou médicamenteuse, furent fait à son corps, avant son adhésion à un mode de vie naturel ?

Le Dr Tilden avait subi de graves dommages causés par les médicaments, surtout au début de sa vie. Le Dr Lindlahr attribuait un grand nombre de ses troubles à une médication féroce. Trall et Graham avaient pris des remèdes de cheval dans leurs jeunes années. Le Dr Walter fut sérieusement trompé par les hommes de la médecine.
Chirurgicalement, le Dr Walter fut victime d'un sérieux accident qui le rendit invalide pendant des années et laissa son cœur dans un état préoccupant. Le cas du Dr Bergholtz lui-même est significatif. Il mourut à un âge relativement jeune. Il était mince et pas très vigoureux. Il fut souvent accusé de n'être pas un très bon exemple des principes qu'il préconisait.
En 1927, avant d'en savoir plus sur la santé, il subit une thyroïdectomie presque totale en rai- son d'un goitre, ce qui fit de lui un infirme physiologique, et il eut à lutter désespérément contre les effets de cette opération pour se maintenir en vie.
Il soutenait qu'au lieu d'être un piètre exemple des vertus de son enseignement, il était un exemple remarquable de sa valeur. Il pensait que malgré le verdict fatal que ses médecins avaient prononcé à son égard en 1927, il réussit à ajouter un certain nombre d'années à sa vie en suivant ces enseignements même. Je pense que la compréhension n'était pas complète dans l'esprit du docteur, sinon il aurait pu ajouter quelques années de plus à sa vie.

7 - Pensait-il que la santé physique n'était pas aussi importante pour assurer un programme parfait que la santé spirituelle ?

J'ai rencontré de tels individus, et j'en ai eu connaissance d'autres. Je ne connais pas d'exemples significatifs dans le domaine hygiéniste que je puisse citer. Des personnes d'autres orientations, qui n'adhèrent pas aux principes hygiénistes ne nous intéres- sent pas particulièrement dans cette discussion.

8 - Qu'en est-il de l'incapacité des autres à se disci- pliner, c'est-à-dire ceux dont les expériences les forcent à adopter une voie “moyenne” dans leurs enseignement ?

Je pense que la voie “moyenne” peut s'observer plus dans la vie de certains de ces hommes que dans leurs enseignements. Certains d'entre eux avaient des épouses qui les empêchèrent de vivre comme ils l'auraient voulu, à moins qu'ils ne les eussent assassinées, ce qui n'est plus légal de nos jours. Mon opinion est que ceux qui adoptent une voie moyenne dans leurs enseignements ne font pas preuve d'une pleine compréhension ; en d'autres termes, ils ont une compréhension de “voie moyenne”.
Ils ne comprennent pas, comme le dit Trall, que “la vérité n'est jamais située entre deux extrêmes, elle est toujours un extrême ou un autre”.
Une vie de voie moyenne basée sur une compréhension de voie moyenne ne peut donner que des résultats de voie moyenne.

9 - Lui était-il possible d'appliquer les lois telles qu'il les comprenait ? Qu'en était-il de son travail ? Et que dire de son état social, des demandes de sa femme, qui peut ne pas comprendre, de ses amis, de son milieu ?

Des facteurs économiques et sociaux sur lesquels l'individu n'a qu'un contrôle limité sont impliqués dans ces questions. Le Dr Tilden conseillait le repos, encore le repos, toujours le repos et il travailla lui-même à avancer sa mort. Graham s'effondra plus d'une fois à la suite de surmenage. Le Dr Trall pensait qu'il n'y a rien de pire que le surmenage mental, mais il négligeait complètement le fait que lui-même surmenait son corps par ses longues heures de travail mental ardu.
Je conseille à tout le monde de s'accorder beaucoup de repos, et moi-même je suis privé du repos suffisant. Je crois que tout le monde devrait avoir des vacances une ou deux fois par an. Je n'ai pas eu de vacances depuis vingt ans. Dans mon travail, il n'y a pas de dimanches, pas de jours de fête, pas de vacances. Je travaille chaque jour et chaque nuit, tard dans la nuit.
Durant la récente boucherie à l'échelle mondiale organisée par les gouvernements de la terre, quand l'aide fut rare, parce que le meurtre est plus urgent et que le travail constructif peut aller au diable, pendant les spasmes périodiques des saignées dont raffolent les gouvernements, je dus faire face à un travail double. Si j'avais été des triplés, j'aurai pu faire tout ce que j'avais à faire. Quand je pris connaissance pour la première fois de la Cure Naturelle, je vivais dans une petite ville du Texas. Je suis né dans une ferme et j'ai pratiquement passé toute ma vie à l'air libre. Les forêts et la prairie constituaient l'arrière-plan de mon existence. Toutes les personnes du "Retour à la Nature" semblaient vivre à Chicago et à New-York. Je me rendis à ces deux villes. Je fus surpris par les avocats du "retour à la nature". Je déclarai à leur sujet, après les avoir observés pendant quelques mois : "Ils retournent à la nature pour 3 jours et reviennent à la ville pour toute la vie". Il était de retour à son magasin tôt le lundi matin. Le magasin était bas de plafond, sale, poussiéreux et rempli d'odeurs désagréables. C'est là qu'il passa ses jours. Tous prêchaient le "retour à la nature" et vivaient dans des cités peu- plées, bruyantes, polluées, puantes, où même des punaises et des sou- ris ne peuvent vivre. Pour une raison ou une autre, ils ne pouvaient pas quitter leur environnement qu'ils semblaient détester et qu'ils condamnaient si violemment dans leurs écrits et conférences. Souvent leur travail les empêchait de s'éloigner des villes. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, le travail de prêcher aux gens de quitter la ville oblige souvent le leader à rester en ville. C'est là l'exemple d'un leader se sacrifiant pour le bien des autres.

10 - Qu'en est-il de la continuelle persécution des ennemis de la vérité à laquelle il doit invariablement faire face ?

Oui, qu'en est-il ? Elle est aussi grosse qu'une montagne, et ce n'est pas n'importe qui, malgré son courage, qui peut y faire face avec calme et équilibre. Ils en sont gravement affectés. Jennings abandonna finalement sa pratique sous le poids de la persécution. Trall fut soumis à un continuel tir d'artillerie de critiques. Graham dut non seulement y faire face, mais il fut même une fois molesté ; d'ailleurs c'était un individu sensible, qui était très affecté par toutes les choses cruelles et blessantes qu'on disait de lui. Il n'avait pas la peau épaisse de votre éditeur, qui a appris à rire à la barbe de ses ennemis. Jackson, Walter, Tilden, Dewey, Lindlahr, Lust, tous passèrent par des années d'intense persécution. Je crois que le Dr Lust a été le seul de tous ces hommes à avoir été arrêté plus souvent que moi. Certains d'entre eux ne furent jamais arrêtés. Les arrestations et la persécution à l'encontre du Dr Gian-Cursio ont été relatées dans la Revue. Il y a de nombreux moyens de mettre à mort ceux qui engendrent de nouvelles idées et de nouveaux mouvements ou qui agissent, comme sages-femmes, pour la naissance d'une nouvelle vérité. Brûler de tels bienfaiteurs de la race est passé de mode mais les méthodes plus subtiles, plus raffinées et aussi plus prolongées de les tuer sont toujours en vogue. Herward Carrington nous a une fois conseillé d'apprendre à rire de ceux qui rient de nous et nous ridiculisent. Ceci, j'ai appris à le faire, mais il y a les arrestations, les procès où des calomniateurs tentent de noircir votre vie, le temps passé en prison et beaucoup d'autres désagréments qui ne peuvent pas être balayés par un rire ou un haussement d'épaules. Le Dr Bergholtz déclare : “La machine humaine possède ses limites. Aucun naturiste ne l'a jamais nié”.
Comme il le fait remarquer à juste titre :
Une revue de l'histoire des individus qui prêchent l'auto-discipline montre qu'ils adhèrent généralement à cette auto-discipline et, en défendant la vérité, ils voient se dresser contre eux les ennemis de la vérité ; et ceci en plus de sentir peser sur leur vitalité les rigueurs d'une vie anormalement active, consacrée généralement au soin humanitaire des plus malades d'entre les malades, qui font appel à la Cure Naturelle en dernier ressort.
Le Dr Bergholtz décéda peu après que son article fut publié pour la première fois. Il est intéressant de noter, de ce fait, qu'il avait clairement fait entendre qu'il ne s'attendait pas à vivre jusqu'à un âge bien avancé. Il affirmait qu'il n'avait pas hérité d'une bonne constitution physique, qu'on lui avait enlevé la thyroïde et que ce fait, à lui seul, écartait toute possibilité de longévité. Ici même, et maintenant comme un fait établi, déclare-t-il, même s'il devait mourir avant d'avoir atteint “les 70 ans qui lui étaient alloués” il souhaitait “qu'aucun homme ne juge les principes d'après sa disparition apparemment prématurée”. Il ajoutait que “les principes sont là et ne dépendent pas de lui pour vérifier leur validité”. Il est incontestable, cependant, qu'il vérifia leur validité, dans la mesure où il les comprit et les appliqua correctement dans sa vie. Le fait qu'il vécut quand même assez longtemps, après avoir été transformé en invalide physiologique par les chirurgiens est une vérification de ces principes.

La longévité, à elle seule, n'est pas le critère de la justesse des principes. Tous les facteurs doivent être considérés.
Il déclare avec raison : “Il devrait être clair, à présent, pour l'observateur critique, qui juge uniquement d'après la durée de vie, qu'il est nettement injuste dans ses observations et qu'il se comporte vraiment comme un nigaud scientifique en étant si simpliste dans ses conclusions hâtives et irréfléchies. Dans son ouvrage "Freedom in Education", Mrs Firn déclare qu'aucun homme n'est suffisamment parfait pour servir de modèle au reste d'entre nous”.
Je suis d'accord avec cette déclaration. Pour cette raison, il est essentiel que nous suivions les principes plutôt que les hommes. Les guides ont souvent des pieds d'argile. Ils guident souvent de travers. Ils font des erreurs. Pour cette raison, des principes vrais doivent nous guider. La vie des autres ne nous est utile que dans la mesure où ils mettent en pratique l'action des principes. A cet égard, il est bon de souligner que la vie d'aucun homme n'est une exception à l'action de la loi naturelle.
Quel que soit leur mode de vie, si nous comprenons pleinement tous les détails, nous constatons que tous les hommes se tuent selon la loi.
Il n'y eut jamais et il n'y aura jamais de bonne vie sans auto-contrôle. L'acquisition du bonheur et du droit chemin doit commencer avec ce principe de base d'auto-contrôle.

Dr. SHELTON - (Traduit de Hygiénic Review, par F. Lienhard - Janv. 1970)